|
Lorsque la prière continuelle commence à se lever,
on prend d'abord de plus en plus le goût de la prière monologique.
Et puis on découvre que celle-ci s'enracine : le nord de la prière
se trouve bientôt tout seul, comme si l'aiguille de la boussole
du cur s'orientait d'elle-même vers le lieu personnalisé
d'où celle-ci coule comme d'une source.
La prière devient notre vie intérieure, la chose la plus
importante à nos yeux. Elle est notre compagnon.
Elle est une grâce et n'est donc pas de notre fait, et si jamais
l'orgueil spirituel se lève en nous, et que nous croyons y être
pour quelque chose, alors nous la perdons et le regrettons amèrement.
On en recherche bientôt le fil chaque matin en s'éveillant
avec la peur d'avoir perdu le mouvement de sa vie en nous, mais heureusement
on la retrouve intacte qui attend et ronronne comme un moteur au ralenti.
La prière continuelle se fait bientôt tout au long de nos
activités quotidiennes, sans effort véritable si ce n'est
de veiller tout de même à chacun des mouvements égoïstes
qui se lèvent en soi pour y opposer immédiatement le médicament
de la prière monologique, afin qu'ils se déposent et s'assèchent.
Cette nouvelle conscience intérieure en action est le fruit de
la prière continuelle, elle ne s'exerçait auparavant que
d'une façon bien maigre et indistincte en comparaison.
Comme on a peur de perdre le fil de cette prière en soi, on exerce
à chaque instant cette vigilance sur notre vie intérieure.
Et ainsi, la prière va s'approfondissant, c'est à dire
que la conscience du péché intérieur, celle
de ces petits mouvements égoïstes qui éclosent sans
cesse, devient plus fine, à savoir plus précise et plus
immédiate.
|