L'ego
et le new age
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"Ca
y est ! J'ai enfin compris : le christianisme consisterait donc à
lutter contre son ego."
Que nenni ! Car ego contre ego, qui pourrait bien gagner ? |
L'idée
que nous ayons un ego en nous dont l'influence serait désastreuse
constitue la doctrine centrale du new age, qui s'arrête là.
Selon cette conception, l'affranchissement final de cet ego constituerait l'éveil. |
La doctrine chrétienne reconnaît bien que le mouvement de la prière en soi rencontre à chaque instant et venant en sens inverse le mouvement naturel de l'égocentrisme, mais ne prétend pas que "la pratique" consiste en la seule lutte de la personne avec son ego (ce qui est impossible), mais en une lutte pour l'avènement du Christ en soi, ce qui fait une grande différence. |
Ainsi, la conception simple du new age est très proche de celle du christianisme, à une grande différence près : le champ de bataille intérieur pour le new age est un système fermé, soi-même contre soi-même, conçu comme d'ordre purement psychologique, tandis que le champ de bataille du christianisme est enseigné comme ouvert sur le ciel : il y aurait une dimension supérieure en soi capable de féconder sa propre personne. |
Le
sympathisant new age, qui ne perçoit pas toujours que la doctrine
centrale de la lutte avec l'ego est son paradigme, se bat seulement avec
lui-même. L'adepte du christianisme se bat aussi avec lui-même, mais il n'est pas seul avec lui-même : c'est pourquoi on parle de "grâce". |
Toutes les traditions mystiques enseignent unanimement qu'il y a cette
dimension supérieure au-dedans et au-dessus de notre nature, une
sur-nature donc Celle-ci, puisqu'elle n'est pas de notre condition est dite inconditionnée. Et puisque cette nature au-dedans n'est pas déterminée par notre fait, elle est également dite indéterminée. Enfin, ne la trouvant nulle part dans la création, cette sur-nature est dite incréée. Cette nature au-dedans et au-dessus de notre nature est encore appelée le sans-forme, parce qu'échappant à tout conditionnement et à toute détermination. |
Cette in-condition supra-éminente est là ce que les bouddhistes appellent "la nature de Bouddha" en soi et les chrétiens la place du Christ en soi. |
Si toutes les traditions mystiques insistent sur cette dimension supérieure qui n'est pas de notre condition, c'est que cette juste compréhension est indispensable pour une juste pratique, sans quoi on luttera ego contre ego, c'est à dire seul. |
Si on ne s'éveille pas à la compréhension de ce lien de notre personne avec une dimension intime supérieure, et qu'on ne comprend pas que ce lien est indépendant de notre fait et condition, alors on ne peut entrevoir non plus le juste schéma de la sanctification personnelle, et le mettre correctement en oeuvre à savoir l'orienter selon sa polarité propre. |
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