La vigilance quant aux pensées
 
Qu'est-ce que le péché ?
On voit bien, en prenant une mystique au hasard, comme Catherine de Sienne par exemple, que chaque fois qu'elle parle du péché contre lequel elle lutte, il s'agit des pensées qui en elle ne sont pas orientées vers Dieu, de ses pensées tournées vers l'ego et non vers le Christ.
 
Le mystique regarde l'écoulement de ses propres pensées en lui, et il essaie d'exercer sa vigilance par rapport à elles. S'il n'a pas la capacité à discerner ses pensées, comment pourra-t-il exercer cette vigilance.
 
Que veut dire exercer la vigilance à l'égard de ses pensées ?
 
D'un côté, le priant découvre que ses pensées s'écoulent d'abord sans cesse tel un flot et semblent ensuite d'autant plus tournées vers son ego à la racine qu'il essaie lui de se tourner vers Dieu.
Alors de l'autre côté, il essaie d'y opposer son vouloir-dieu et le goût de la dépropriation qui essaient d'échapper à ce joug.
 
Il le fait au moyen d'une technique de prière ou de méditation issue de sa tradition.
Il choisit une technique simple, comme la prière monologique de l'hésychasme par exemple, qui contre ce mouvement naturel qui nous fait prendre le large de l'ego pour essayer de revenir sans cesse au port de Dieu, et il en fait sa méthode principale de travail.
Il pratique avec simplicité, sans acharnement émotionnel, et surtout sans déposer dans sa prière ou dans sa méditation aucun résidu sentimental. Il évite également tout désir d'extase, de sortie hors du corps, de vision et autres prodiges.
S'il pratique ainsi petit à petit, sans brusquerie mais simplement au fil des jours de plus en plus, sans heurter ses capacités, le vent doux de la prière continuelle peut se lever en lui, à savoir que le mouvement de la prière lui est alors donné.
Il se méfie comme de la peste de l'orgueil spirituel qui est le chant des sirènes pour le priant, et qui le perdra.
 
Cette capacité à avoir conscience de ses propres pensées et à les "débrancher" en leur opposant la conscience orientée de la prière au fur et à mesure qu'elles émergent est la conscience intérieure au péché.
Elle ne va pas de soi, d'autant que notre civilisation prône l'extraversion comme une qualité, mais se développe petit à petit et va s'affinant au fil de la prière continuelle.
 
Se consacrer à Dieu sans intériorité, c'est comme vouloir jardiner sans jamais penser à retourner la terre.
     
   
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