Le but du christianisme
   
  Si nous interrogeons les chrétiens sur le but du christianisme, nous aurons des réponses dispersées, et ceci est inquiétant.
   
  Saint Séraphim de Sarov (staretz russe, fin XVIII°- début XIX°) avançait clairement que le but du christianisme était "l'acquisition du Saint Esprit".
  Le père Peyriguère (prêtre français mort en 1959), lui, expliquait que le chrétien est celui qui cherche le Christ qui est en lui.
   
 
Ces deux définitions sont claires et convergentes.
 
Acquérir le saint-esprit.
 
Trouver le christ qui est en soi.
   
  De façon similaire, le bouddhiste déclare chercher à découvrir "la nature de bouddha" qui est en soi.
Les bouddhistes entendent cette découverte comme un éveil, comme une illumination subite, mais qu'il faut éventuellement parfaire. .
   
  On sait bien que l'esprit saint ne peut s'acquérir véritablement parce qu'il ne s'agit pas d'une réalité matérielle ou déterminée qui puisse se posséder.
Ce qui se passe simplement est qu'en l'homme, est fait place pour l'esprit saint, qui ne lui appartient pas.
Le travail du chrétien se borne à faire de la place en lui pour l'action du Christ.
   
 
Qu'est donc cette place pour l'esprit saint, ou pour le christ en soi ?
   
  Il s'agit du "royaume de Dieu" dont l'évangéliste Luc nous dit bel et bien qu'il est "en nous" (et non "parmi nous", comme certaines traductions qui ont peur de l'intériorité l'avancent. Voir Michel Cornuz "Le ciel est en toi", labor et fides, 2001, page 60 note 38).
   
 
"Le royaume de Dieu ne vient pas comme un fait observable. On ne dira pas "le voici" ou "le voilà". En effet, le royaume de Dieu est en vous."(Luc 17: 21)
   
  Ce royaume de Dieu est donc le fait d'une réalité "surnaturelle" et "indéterminée", c'est à dire au-dessus de notre nature. Les pères utilisent certains mots pour la caractériser, ils parlent de "l'incorporel", de "l'incréé".
   
  "L'hésychaste [le chrétien] est celui qui aspire à circonscrire l'incorporel dans une demeure corporelle" dit Jean Climaque, moine du VII° siècle au mont Sinaï ("L'échelle sainte", 27° degré- 7).
   
 

Le bouddhisme évoque de façon similaire le "sans forme", "l'indéterminé"..
Le cinquième patriarche dit à Houei-Neng, reconnu comme son successeur et véritable initiateur du zen (tchan) en chine, avant qu'il ne soit obligé de s'enfuir de son monastère ::
"Il faut faire naître la pensée qui ne demeure nulle part ! "

   
  Ce même Houei-Neng dira également plus tard :
"J'établis l'absence de pensée comme le principe,
l'absence de forme comme son corps,
et l'absence de fixité comme sa source
."
   
  Le but du christianisme n'est cependant pas de chercher à expérimenter de nouveaux états de conscience extraordinaires qu'on ajouterait comme des meubles à la décoration de sa vie, de façon périphérique, comme le prône un certain new age "hard" : il s'agit d'éprouver de façon centrale la vraie Vie.
   
  Les bouddhistes se séparent des chrétiens parce qu'ils ont essayé de déduire philosophiquement de l'indétermination de l'état de bouddha la nature de la réalité.
Cette philosophie n'apporterait rien à un chrétien, et les maîtres du zen enseignent d'ailleurs qu'elle ne peut provoquer l'éveil.
     
   
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