Une sainteté calamiteuse
 
Comment devenir mystique ?
 
  • Méthode Bodhidharma (fondateur du zen en Chine, 6°siècle) : méditer devant un mur pendant neuf ans.
  • Méthode des chrétiens stylites (5° siècle) : se percher au sommet d'une colonne pour y mener le reste de sa vie sous les intempéries.
  • Méthode Jean de la croix (mystique espagnol du 16° siècle) : vivre dans un trou dehors où vos frères moines vous ont jeté, et n'en sortir qu'une fois par jour, pour prendre à genoux un peu de pain et d'eau.
 
Ca ne vous tente pas ?
Vous ne voulez pas essayer ?
 
Vous avez raison, même s'il est vrai que des expériences limites, caractérisées par un extrême dénuement, comme par exemple l'imminence de la mort, peuvent provoquer le retour à Dieu (métanoïa) ou l'illumination, elles ont aussi l'inconvénient de vous faire risquer la maladie mentale ou physique.
 
Retenons cependant de ces outrances qu'il semble bel et bien nécessaire de contrarier quelque chose dans notre fonctionnement pour être chrétien.
A cause de cela, le christianisme n'est donc pas non plus la recherche du bonheur, même si cependant la grâce comble effectivement.
 
Les méthodes précédentes étant d'un héroïsme d'une autre ère géologique, essayons plus contemporain.
Méthode Thérèse de Lisieux : entrer dans un couvent et s'humilier davantage chaque jour devant Dieu pour attirer comme un aimant sa miséricorde.
 
Beaucoup de mystiques catholiques poussent jusqu'aux dernières limites une démarche d'abnégation : ils franchissent le pas monstrueux qui mène du "dépouillement des sens et de l'intelligence" à l'extirpation des sens et de l'intelligence. Ils veulent s'expurger d'eux-mêmes, et leur élan, bien que tout de pureté, devient monstrueux.
Cette sainteté-là se trouve plus ou moins entachée d'une composante pathologique, qui consiste en la torsion de "la dimension de leur personne".
 
Qui pourrait souhaiter se renier ainsi ?
C'est pourtant l'image de la mystique que l'église véhicule principalement au travers de ses vies de saints.
 
Il existe une autre mystique, lumineuse parce que respectueuse de l'unité de la personne, pratiquée depuis les premiers siècles du christianisme, en occident sous la forme de la lectio divina et en orient sous la forme de l'hésychasme.
     
   
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