Je ne m'appartiens pas
 
Notre société est heureusement une société de droit. Et le droit est comme une seconde peau, faite pour habiller ou se substituer à la condition naturelle. La reconnaissance des droits repose sur la possession, et cette possession induit implicitement notre propre personne.
 
Nous avons l'habitude de vivre comme si nous étions propriétaires de nous-mêmes. En réalité, nous ne sommes pas même des locataires, car tout nous sera en fin de compte retiré. C'est ce que la maladie ou le deuil peuvent nous enseigner.
 
La grâce est ce qui ne peut se posséder, elle est indéterminée, son mouvement est fondé sur la gratuité. Il faut accepter d'en être l'objet.
 
La grâce nous meut. Elle est semblable aux mots du poète qui savent de lui ce qu'il ignore d'eux.
"Aime et fais ce que tu veux" disait St Augustin pour exprimer que nous sommes conduits.
 
La dépropriation est un sentiment que cherche à éprouver celui qui veut mener une vie de prière. Certains s'en rappellent en s'imaginant par exemple déjà morts, visualisant leurs corps commençant à se corrompre.
Ce sentiment est donné plus complètement pendant l'état de prière continuelle.
 
Pour autant, n'exagérez pas et ne reniez pas votre personne. Le vocabulaire et les images employées par les mystiques ne nous y aident pas beaucoup, et pourtant il s'agit juste de déposer les armes.
La lumière de Dieu est derrière le mystère de votre personne, ne vous abominez pas.
     
   
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