Libido et chas d'aiguille
Combien de moines, de chercheurs de vérité ont consacré leurs vies entières à la recherche de l'absolu, avec des moments de grâce et des moments de sécheresse, pour au bout du compte ne pas avoir vécu de vie en Christ !
Ces échecs dramatiques devraient faire réfléchir.
Notre personne est habituellement occupée par un locataire qui est la libido.
Cette libido est à entendre dans un sens élargi, qu'on pourrait appeler l'imagination projective, qui n'est pas restreinte seulement à l'énergie sexuelle mais comprend tout le processus de l'image de soi et des pulsions.
Cette libido est facilement concurrente de l'élan mystique puisqu'elle sait mieux que lui concerner naturellement tous nos organes.
Cette libido, qu'on la rejette ou qu'on l'écoute,
est l'obstacle majeur du priant,

Selon la légende, Bouddha aurait prôné la voie du milieu après avoir connu d'abord une vie sensuelle puis une vie d'ascèse.
Ces deux pentes, selon Bouddha, seraient l'une et l'autre contraires à l'éveil.

 
En effet, écouter et suivre les voix de la libido éteint petit à petit la possibilité de tout autre monotropisme en entretenant celui de la libido.
Mais d'un autre côté, renier sa libido, c'est à dire refouler son imagination projective, entraîne le rejet d'une partie de sa propre personne, et son desséchement. Or l'intégralité de la personne est nécessaire pour s'éveiller au monotropisme de la prière y compris la partie sensuelle.
C'est bien souvent parce qu'il essaie de tenir sa libido à distance, comme un fauve dangereux, que le priant se dessèche après ses premiers succès.
Ne pas suivre le chant de la libido, mais ne rien refouler en soi :
cette voie du milieu est aussi étroite que le chas d'une aiguille !
     
 
page précédente