Comment vouloir Dieu ?
Il faudrait le vouloir SANS CESSE.
C'est ce que nous appelons le monotropisme.
Une femme a vu l'homme qu'elle aime obligé de partir au loin pour une guerre. Chaque jour alors qu'il est absent, elle pense à lui. Au réveil, sa première pensée est pour son époux. Pendant chacune de ses activités quotidiennes, la pensée de son retour ne la quitte pas.
Nous ne sommes pas vraiment chrétiens si le vouloir Dieu n'est pas pour nous comme le souvenir de son mari pour cette femme.
Il faudrait être capable d'aimer comme cette femme, c'est à dire que l'amour soit porté par tout notre goût, toute notre intelligence, tout notre désir.
L'amour est justement cette volonté qui puise dans chacune des ressources de notre personne, cet amour si abondamment employé en théologie et dont nous avons dit que le chrétien n'était pas capable de faire preuve par ses seules ressources, .
 
Si nous ne sommes pas capables de vouloir Dieu "de tout notre être, de toutes nos forces, de toute notre âme" (Dt 6-4), c'est que nous ne le voulons pas vraiment, c'est à dire qu'une partie de nous le refuse.
Qu'est-ce qui en nous s'oppose donc au monotropisme ?
 
Un jour, Jacob Needleman, un chercheur américain s'entendit déclarer à son plus grand étonnement, lors d'une conférence sur les religions, l'affirmation suivante :
"Avez-vous jamais songé que la religion et toute la civilisation qui l'accompagne commencent à se corrompre à partir du moment où le travail de connaissance de soi devient subjectivement moins intéressant que la jouissance sexuelle ?" Ce à quoi quelqu'un dans l'auditoire ajouta :
"Et à partir du moment où ce fait n'est plus reconnu et accepté honnêtement !"("A la recherche du christianisme perdu", Jacob NeedleMan, Albin Michel, 1990, p 74)
Il ne s'agit pas ici de condamner la sexualité, mais de constater que le vouloir Dieu est facilement secondaire par rapport au désir naturel de jouissance sexuelle !
S'il y a cette vieille rivalité entre sexualité et religion, c'est que justement le phantasme par nature est capable lui aussi d'habiter chaque parcelle de notre personne, et d'être ainsi de chacun de nos moments, c'est à dire finalement d'être un monotropisme.
 
Le désir de jouissance sexuelle est un monotropisme concurrentiel !
Alors comment faire avec la libido ?
     
 
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