Se saluer
 
Certaines attitudes disposent à la prière.
 
Une de ces attitudes incontournables est la réconciliation avec soi-même .
 
Nous vivons souvent fâchés avec nous-mêmes, et cette "séparation" nous sert parfois même d'humeur, comme un décor dans lequel nous aurions l'habitude d'évoluer.
Mais cette "fermeture" intérieure n'est pas propice à la prière.
C'en est même l'opposé, puisque notre personne est alors inorientable.
Une bonne façon de débuter chaque journée pourrait être de commencer par prendre le temps de se dire bonjour à soi-même, fraternellement, avant de lancer l'autre bonjour à la personne de Dieu.
"Salut ! Nous allons passer une journée ensemble. Est-ce que ça va ? "
 
S'occuper un peu de soi-même est souvent, paradoxalement, la première contrariété à poser pour orienter sa personne et pouvoir se mettre en route.
Soyez donc capables d'avoir le petit geste de sympathie inhabituel vis à vis de vous-même. "Bichonnez-vous" quand c'est nécessaire, c'est à dire chaque fois que vous redevenez le grincheux d'avant, en faisant l'effort de soin que vous ne feriez pas habituellement.
Par exemple, si vous n'avez pas tendance à faire d'effort culinaire, faites vous un bon petit plat de temps en temps ; si vous ne vous souciez jamais de votre tenue, soignez votre mise ou achetez-vous des vêtements qui vous avantagent etc.
 

"Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Lévitique 19 : 18 et Marc 12 : 31) est le second commandement, qui suit celui de l'amour de Dieu de la part de toute notre personne. Il signifie que le respect, la charité qu'on est capable de porter à sa propre personne ("comme toi-même") est la mesure de l'amour, de la charité qu'on peut porter aux autres et à Dieu.
C'est donc également la mesure de la prière.

 
On dit de quelqu'un qui s'occupe de sa petite personne qu'il se soigne, mais c'est également vrai dans le sens thérapeutique du terme (à condition que ça ne devienne pas une obsession).
 
Souvent, le christianisme devient le meilleur prétexte pour se vomir soi-même, et l'église le lieu de prédilection des "rancis" de l'amour.
La fâcherie avec soi-même est une cause principale de blocage spirituel.
 
 
Je me doute que ces conseils sembleront bizarres aux tenants de l'austérité, et qu'ils seront étonnés qu'on puisse lutter contre le péché par ce qui semble être du péché.
Mais l'ascétisme exagéré peut cacher sa propre détestation.
 
Si vous ne vous aimez pas suffisamment, vous êtes comme divisé parce que vous vous tournez le dos. Le premier pas à faire est souvent celui de la réconciliation avec soi-même, parce que c'est l'orientation restaurante de la personne suffisante pour que la grâce puisse ensuite agir par surabondance.
     
   
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